La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame, [...] Charles Baudelaire .................................... Copyright © GeoMar

 

 

 

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Publié par Georges

Article 022

 

Décembre 1986, 

 

    Nos vacances de Noël 1986 en famille, escapade depuis Moorea à bord d'un avion de la compagnie Lan Chile qui assure un vol hebdomadaire Tahiti - île de Paques...

 

 

L :  27°  5' sud

G : 109°  22' ouest

 

 

    L'île fut découverte par des Polynésiens (Maori) qui s'y installèrent dans la période des années 400 à 1200 puis redécouverte bien plus tard par le marin Hollandais Jacob Roggeveen le jour de Pâques le 5 avril 1722.

 Pavillon régional de Rapa Nui (île de Pâques)

(Province autonome du CHILI)


Peuple Maori (Langue maohi) Polynésien.
Nationalité : Chilienne.
Les habitants s'appellent : Les Rapanuis ou Pascuans


     A vol d'oiseau, l'île de Pâques se situe à 4000 km. dans 
le Sud-Est de Tahiti et à 3740 km. de Santiago du CHILI.

 

  Vallée et village de Hanga Roa.  Au centre, sur la droite, la piste, de l'aéroport  international, financée en partie par les USA en compensation de l'utilisation éventuelle de secours par la navette spatiale...

 

Hanga Roa devant le Mont TERE VAKA.

 

La côte Est de RAPA NUI  (nom de l'île de Pâques en Maohi)
 

   Volcan RANO RARAKU où se trouve la carrière principale où étaient sculptés les MOAI(S) : statues en tuf volcanique.

(prononcer MO-A-I)

 

 

 Sur cette vue du Rano Raraku prise d'un satellite on voit que le côté droit est bien entamé par la carrière d'où proviennent les MOAI.

(Google earth)

 

Carrière du RANO RARAKU.
 

Les MOAI descendant de la montagne...

 

Nous y montons...
 

   L'unique Moai, assis sur ses talons, présent sur l'île dans la carrière du RANO RARAKU. Il a été déterré puis érigé sur place par l'équipe de l'archéologue Thor Heyerdahl lors de ses fouilles et recherches de 1956.

 

Un remarquable fauteuil pour Caroline !

Moai Tuturi

 

 

Le flanc Sud Est de RANO RARAKU
duquel descendent les Moai

 

Site de RANO RARAKU

 

  Une allure fière, de l'expression, la sérénité...

 

La Sagesse ?...


 

Photo Thor Heyerdahl Expedition 1956

  Les fouilles faites par l'Archéologue Thor HEYERDAHL (en bleu sur la photo) en 1956 montrent la partie cachée que le visiteur du site de Hotu iti ne peut imaginer...

 

  Ambiance étrange...

 

Site du Rano Raraku

 

  De GAULLE...! c'est ainsi que le désignait notre guide Pascuan en décembre 1986...

 


 

     Ici, certains sont allongés, c'est dans cette position qu'on les faisait glisser de la carrière. (Paraît-il...)

    La descente d'un Moai, par gravité sur la pente de la carrière, semble évidente et le mode opératoire peut être facilement analysé. 

 

    Des ébauches de Moai gigantesques !... Les archéologues estiment la datation de ces sculptures entre le 9ème et le 17ème siècle après J.C.

 

Descente du cratère du Rano Raraku

 

Le site du ahu de ANAKENA.

    Notre guide nous expliquera que les moais sont mis en place sur une plateforme de pierres et galets appelée ahu. Il nous fera également remarquer qu'ils tournent tous le dos à l'océan afin de capter l'énergie cosmique qu'ils transmettent par leur regard au village à protéger.

  Cette force transmise est le Mana... Certains portent un chapeau en tuf volcanique rouge qui est, en fait, la représentation de la coiffure en chignon (Pukao)  Ces moais ont le haut du crâne plus large et plat pour porter le pukao contrairement aux moais géants qui se situent sur la carrière du volcan Rano Raraku qui ont un crâne étroit profilé et doivent avoir une autre symbolique. Ces immenses moais semblent intransportables depuis la carrière car on n'en découvre nulle part ailleurs... (ci-dessous)

 

   

 

Affiche Edicione KIEA isla de Pascua

 

    En 1956 Thor Heyerdahl s'est intéressé aux moais du site Hotu iti et ses fouilles ont fait apparaître la partie cachée de ces statues qui mesurent une douzaine de mètres. Aucun modèle de ces statues n'a été trouvé sur les autres sites de l'île.

   Elles ont, vraisemblablement pour d'autres raisons, été calées dans des fosses préparées pour les recevoir au flanc du volcan Rano Raraku...

 

Photo Thor Heyerdahl Expedition 1956

 

 

La plage de ANAKENA.

 

Moai de Anakena debouts sur leur ahu. Ils portent le pukao.

 

ANAKENA

 

Ceux d'Anakena...

 

Le site de la plage d'ANAKENA.

  

  L'assemblage des pierres constituant la façade du ahu du site de Vinapu est surprenant : ajustements au millimètre...

Les  Incas en sont peut-être pour quelque chose...

 

  

  Ahu de Tongariki entouré de moai(s) allongés et pukao(s) épars

  Tous les moai(s) du site de TONGARIKI ont chuté, renversés  par un tsunami dans les années 1960... Lors de mon retour en 2001 j'aurai le plaisir de voir ces 15 colosses à nouveau debout !

 

   Théorie de transport de Moai d'après William MULLOY... 

  (La Chèvre )

  

  Evidemment, la question que se pose très vite le visiteur de l'île de Pâques : Comment ont-ils pu les transporter vers les différents sites de l'île à des dizaines de kilomètres de la carrière du volcan Rano Raraku ?...

  William Mulloy archéologue a élaboré, en 1955, des théories basées sur l'utilisations de leviers et actions mécaniques de déplacement par la technique de la chèvre (croquis ci-dessus).

  Certains scientifiques pensent que les Pascuans redressaient les statues dès qu'elles arrivaient en bas de la carrière du volcan et les faisaient "marcher"... En 1986, l'équipe de Thor Heyerdahl arrivera à faire marcher un moai tenu debout par des cordes aux actions multiples d'équilibre et de tractions coordonnées...

  Cependant, les navigateurs et chercheurs du XVIIIème constatèrent l'absence de forêts et d'arbres pouvant être utilisés comme leviers pour ces manutentions... L'absence de fibres végétales nécessaires à la fabrication de solides cordages remettait en causes les diverses théories avancées tout en ajoutant aux mystères...

  Plus récemment, l'archéologue Nicolas Cauwe avance des observations plus vraisemblables sur le déplacement d'ébauches de moai qui seraient achevées sur le ahu... 

 

Moais sur le ahu de AKIVI.  

 

    Ceux-ci, exceptionnellement à tous les autres, regardent la mer...

 

  Tous les Moai tournent le dos à la mer sauf ceux de AKIVI qui regardent l'océan Pacifique vers le nord-ouest... En étudiant un peu l'orientation on constate que le relèvement passe par l'île de Hiva Oa aux îles Marquises...

 

Le pique-nique à Anakena.

 

Le petit port de HOTU MATUA.

 

  Baignades dans le port

 

Jeu d'enfant...

 

Plaza  Hotu matua.

 

 

Le site de RANO KAU

 

 Artisanat, de belles répliques pour souvenirs...

 

Nous avions fait l'acquisition de deux statuettes sur le site du Rano Kau

 

Moai classique

 

Kavakava en position assise

 

 

En arrivant au cratère du Rano Kau.

 

 

Le volcan éteint  RANO KAU

 

Un lac dans son cratère...

 

Caroline devant Rano Kau fin décembre 1986.


 

        Les habitations basses en pierres sèches...

 

Le site de Orongo près du cratère de Rano Kau

 

Le haut-lieu du Culte de l'Homme-Oiseau...
 (Tangata Manu)

 

 

    La pointe du site Orongo et ses basses maisons de pierres sèches, avec vue sur les trois îlots (motu). C'était le haut-lieu où se retrouvaient les chefs de clans au moment où les sternes fuligineuses (hirondelles de mer) allaient commencer à pondre sur le dernier îlot (motu Nui). Chaque chef était représenté par un jeune athlète qui devait nager pour aller chercher et rapporter le premier œuf de sterne de la saison... Celui qui réussissait obtenait le titre prestigieux de "Tangata Manu" pour son chef de clan : L'Homme-oiseau qui détenait alors tous les pouvoirs sur l'île pour une durée d'un an. (Rite de l'Homme-Oiseau en fin d'article) 

       Les trois îlots (Motu). Le premier, Motu Kao Kao, à environ 700 m. de la côte puis Motu Iti, 500 m. plus loin et, Motu Nui après les 50 derniers mètres.

 

Du haut de ces falaises, il fallait descendre, plonger et nager...

 

Vers Motu Kao Kao, motu Iti, puis motu Nui.

  Motu Kao Kao puis le Motu Iti et le Motu Nui... (les 3 îlots) afin de rapporter le premier œuf de sterne de la saison et obtenir ainsi le titre suprême de TANGATA MANU (homme-oiseau) pour son chef de clan...

 

Pétroglyphes liés au culte de l'homme-oiseau.
                                (Tangata Manu)

                

 

Pétroglyphes (Gravures sur roches volcaniques) 

 

Pétroglyphes de l'homme-oiseau

 

022 - Ile de PAQUES, RAPA NUI, MOAI, TANGATA MANU, Rano Raraku, Rano Kau, Anakena, Comète de Halley,  photos GeoMar déc.1986, Easter Island, CHILI.
022 - Ile de PAQUES, RAPA NUI, MOAI, TANGATA MANU, Rano Raraku, Rano Kau, Anakena, Comète de Halley,  photos GeoMar déc.1986, Easter Island, CHILI.

Poste d'observation...

 

Cratère du RANO RARAKU.

 

 Où viennent boire les chevaux.

 

Caroline devant le cratère de RANO RARAKU.

Noël  1986...

 

Photos © GeoMar diapos kodachrome

Minolta XD 5 obj. 28x80

Numérisées  en 2005

 

Comète de Halley photo de W.Liller 1986 à l'Île de Paques.

 

Comète de Halley

Rapa-Nui décembre 1986

 

    Durant cette dernière semaine de décembre 1986 nous recherchions chaque nuit cette comète, en fin de passage, à peine visible dans ce ciel de l'océan Pacifique sud. Durant les mois précédents nous l'admirions souvent de Moorea. Je dois admettre qu'elle me fascinait tout en me laissant, à chaque fois, comme empreint d'une sensation étrange d'une légère angoisse inexplicable...

   Il faut reconnaître que voir la comète de Halley à Rapa nui, cette île mystérieuse où le ciel et la mer se confondent dans le cosmos, était pour nous une situation pas banale d'être en plus témoins d'un phénomène qui ne se reproduira que dans plus de soixante dix ans...

   Au cours de nos randonnées sur l'île, il m'était arrivé de faire allusion à la comète auprès d'un Pascuan qui me répondit aussitôt : "Faut pas regarder trop, ça porte malheur..."

  Le hasard des circonstances donne toujours des arguments aux superstitieux...

    Quelques heures avant notre décollage pour Papeete ce 31 décembre 1986, mon cheval, pas encore dressé pour la randonnée, me mènera la vie dure pendant plus d'une bonne demi-heure.

  Notre accompagnateur Pascuan m'avait pourtant prévenu : "Ce cheval est très fougueux, il n'obéit pas très bien encore mais comme tous les autres sont pris... si tu te sens capable, comme tu me l'as dit, prends-le..."  Je n'avais plus le choix et, en tant que "bon cavalier"  (ha ! ha !) formé par un ancien Cadre noir de Saumur (vrai ! Pierre de Saint-Ségal) j'enfourchai fièrement ma monture pendant que deux hommes la tenaient. Cet indice aurait dû m'apporter la sagesse de la méfiance mais mon destin était tracé...

   Ce fier destrier n'attendit point mes ordres et m'embarqua aussitôt dans un fulgurant galop incontrôlable... je quittai le groupe dans un nuage de poussière dans lequel je disparus instantanément, essayant d'assurer mon assise sur une misérable selle de fortune équipée d'étriers mal réglés, à demeure, par de mauvais cordages de récupération... 

  "Garde ton dos bien droit ! Contrôle bien ta monture avec les jambes, serre les juste ce qu'il faut, pieds à l'étrier, talons bas... ton cheval sait toujours à qui il a affaire, montre-lui avec douceur que c'est toi qui commande !" 

  Ces "bons mots", de Pierre de Saint-Ségal, se mirent tout à coup à vagabonder et s'entrechoquer dans ma petite tête soudainement redevenue opérationnelle par l'explosion d'un geyser d'adrénaline... il va falloir gérer !  Emporté par une force incontrôlable je volais... secoué dans tous les sens, zigzaguant vers des lieux que mon cheval avait choisis pour m'éliminer s'il n'arrivait pas à bout de mes quatre-vingt cinq kilos dans les trente secondes à venir... Difficile de vous narrer cette anecdote au passé simple tant les événements se précipitent à la vitesse grand V !... me revoilà in situ !... je suis sur le dos de Pégase.

  Je vais devoir m'appliquer à reprendre le pouvoir ! Voilà déjà bien cinq minutes passées, toujours au galop, dans les herbages secs et poussiéreux, j'essaie de le calmer par des caresses et petites tapes sur l'encolure. Il ne réagit guère ni à la pression et relâchement des jambes ni au contrôle de la bouche par les rênes... il faut dire que j'avais remarqué que le mors était bricolé, constitué d'un fer tors auquel on avait soudé deux anneaux... les rênes étaient en bout de polyester de récupération...

 Pour l'instant, je tiens bon, mais c'est Pégase qui contrôle... Me prends-je donc pour Bellérophon brûlant du désir de dompter Pégase ?... ha ! ha !... 

  Au bout de dix minutes son allure mollit, la fatigue se fait sentir, il est en nage, le poitrail couvert de bave et d'écume blanche. Je lui parle en tapotant gentiment son encolure, il semble apaisé puis repart brusquement au galop en entrant dans le village de Hanga roa.

  Il passe à toute allure près des habitations aux basses toitures de tôles ondulées que je dois éviter en me protégeant  penché derrière son encolure... Un peu plus loin il rase une religieuse qui traverse la route... une bonne-sœur au regard furibond, me fixant droit dans les yeux, l'index pointé sur sa tempe !  une image gravée dans ma mémoire comme l'instantané d'une photo inédite !...

 

 

  Sortie du village en excès de vitesse...  mais ce n'est pas moi qui conduit !  Allez dire ça à un flic qui vous prend en flagrant délit !... en plus, bon pour le délit de fuite...  Bref, pas vu pas pris, Pégase au grand galop, prend la steppe en direction de l'aéroport...

  Soudain, il se met au trot, puis au pas. Haletant et s'ébrouant il se calme, hennit sympathiquement en se relâchant. Terminée la furie !... il s'arrête pour brouter une belle herbe qui se détache d'un massif desséché.  Du coup, il regagne toute mon affection et reçoit mille caresses et marques d'attention... "Voilà, c'est bien mon dada ! tu vois on peut s'entendre, fallait pas t'affoler comme ça !"  Je lui redonne un peu les rênes, j'ouvre à droite puis à gauche, il semble comprendre mon code et avance doucement vers un chemin de terre sur lequel j'arrive enfin à le diriger. Tout semble rentrer en ordre... 

  Au moment où j'aperçois le poteau de la ligne électrique qui vient de la centrale de l'aéroport, il est trop tard... Je sais qu'il est pour moi ! Telle une lame de fond au déferlement soudain, Pégase, ventre gonflé, tête baissée, s'emballe plein pot vers son objectif longuement prémédité.  J'ai juste le temps de quitter mes étriers avant de me fracasser contre ce qui est, peut-être, le seul poteau en béton de l'île de Pâques !

  Dans la poussière, les bras en croix... c'est la douleur qui me fait reprendre mes sens. Pégase est là tout près de moi, grattant le sol de son sabot, hennissant comme le font les chevaux satisfaits de recevoir une bonne et exceptionnelle friandise...

  Impossible de me relever, je peux bouger les jambes, les bras aussi, mon dos endolori ne veut pas suivre... Je reste là, sans ressource, j'attends. Le groupe de cavaliers me retrouvera dans le quart d'heure suivant. Caroline aura la peine de voir son papa à terre. Près d'une demi-heure plus tard je me retrouve sur un brancard dans la vieille Toyota 4x4 qui sert d'ambulance et me conduit au dispensaire de Hanga Roa.  Pas de radiographie possible, le médecin m'examinera et diagnostiquera un gros hématome lombaire et je devrai attendre l'arrivée de mon épouse Suzanne qui réglera la somme de 15 dollars US pour obtenir l'injection de morphine qui me permettra de prendre l'avion pour Papeete en fin d'après-midi. 

 

 

 Cinq heures de vol vers Tahiti... l'inconfort douloureux d'une position assise avec impossibilité de fermer mon jean tant l'enflure de la zone lombaire prenait des proportions inquiétantes...

 Saint Sylvestre à Tahiti !... ambiance festive en cette fin d'année 86... captée ici et là autour de moi en arrivant à l'aéroport de Faa'a : guitare, to'ere, percussions, chants et ukulele, parfums suaves de tiares et tipaniers... puis, ambulance pour l'hôpital de Mamao... radios, bloc opératoire, dodo...

  Meilleurs vœux pour 1987 ! formulés par le médecin de service au petit matin du jour de l'an en brandissant mes radios...

 "Qu'avez-vous donc fait pour avoir un dos comme-ça ?!!!"  Il m'informa avoir retiré un demi-litre de sang d'un gros hématome du côté gauche lombaire mais constatait le tassement de trois vertèbres avec éclatement de deux disques qu'il qualifia de blessures antérieures à mon accident de l'île de Pâques... Je venais de découvrir les dégâts non diagnostiqués d'un accident de la route datant de 1967 pour lequel j'avais été hospitalisé une quinzaine de jours à Brest. A l'époque je m'en étais sorti avec un traumatisme crânien et ménisques arrachés, j'avais très mal aux jambes mais les investigations des médecins s'étaient arrêtées à ce qu'ils avaient observé sans doute d'essentiel en m'opérant du genou et soignant ma pauvre tête. Comme le temps passe vite !... j'avais 22 ans...

  Dernière remarque du médecin de Mamao, un peu fâché...:

 " Et vous montez à cheval avec un dos comme ça !..." 

 - Ben oui... j'ai même pratiqué de longues séances de trot enlevé pour remuscler mes jambes après l'accident de voiture de 1967 puis continué à pratiquer la randonnée par des chevauchées fantastiques vers le Menez Hom ou le long de l'Aulne canalisée vers Pont Coblant et autres sites du Finistère sans oublier les îles Marquises et j'en passe... jusqu'à cette date fatidique du 31 décembre 1986 !

  Deux jours après, je me retrouvais chez nous à Moorea, en convalescence pour trois semaines allongé sur une planche, sur le deck de notre faré, devant le lagon, un drain planté dans le dos avec un Vygon de récup...

Notre fare à Moorea de 1985 à 87.

Notre fare à Moorea de 1985 à 87.

 Nous échangions régulièrement sur notre séjour à l'île de Pâques, nous remémorant ces bons moments de randonnées et découvertes en famille en ce mois de janvier 87. En plein été austral avec du très beau temps, la période des vacances scolaires n'était pas encore terminée. Nul n'évoqua la malédiction de la comète de Halley, nous coulions à nouveau des jours heureux et tranquilles malgré tout.

 

  Suzanne paraissait anxieuse, particulièrement marquée par mon accident. Elle racontait à nos amis venus s'enquérir de ma santé :  "Quand on est venu me prévenir à l'hôtel, un homme me tendit une montre souillée de terre : celle de Georges ! en me disant : votre mari a eu un accident... faut venir au dispensaire... sur le coup, j'avais pensé au pire !..."

 

  Malgré la quiétude retrouvée au calme à Maharepa, tout près du lagon, dans notre accueillant faré, décoré de tikis*marquisiens, tapas*de Ua pou, umetés*sculptés, souvenirs rapportés de nos voyages disposés pêle-mêle avec quelques peintures naïves et paréos multicolores... quelque chose avait pourtant changé, quelque chose intriguait...  

 

La bonhomie des tikis marquisiens

sculpture de Ua Pou (Kahia)

 

  Tikis*  Marquisiens

sculpture de Nuku Hiva (Damien Haturau)

 

Souvent robustes et ronds,

ils se montrent davantage qu'ils nous observent.

 sculpture de Ua Huka

 

 

       Tapa*de l'île de Ua pou (Marquises) tissus en écorce d'arbre (Purau) tannée décoré à la main. (0.70 m x 2 m)

 

        Umete* de l'île de Ua pou sculpté dans la masse (Miro ou Bois de rose)

        Umete* de l'île de Ua pou sculpté dans la masse (Bois de Tou ou Tau)

 

  Ce furent certains de nos amis, venant aux nouvelles, qui en firent le constat.

  Systématiquement, aux dernières visites, ces habitués de notre cadre de vie étaient intrigués par le regard inquisiteur du kavakava qui les mettait mal à l'aise au point de nous dire qu'ils ne le supporteraient pas chez-eux et s'étonnaient de cette acquisition !...

  Je dois admettre que de tous les tikis que j'avais rapportés des îles Cook (Rarotonga),  de O'ahu (Hawaii), des îles Marquises, Tahiti etc... le kavakava de Rapa Nui était, de toute évidence, le plus expressif en matière d'art primitif océanien !  Je n'avais jamais eu de crainte devant un fétiche quelle que fût sa symbolique.  A chacun sa culture, seuls le concept artistique et la qualité de sa réalisation manuelle m'intéressaient en tant qu'objet. Devant une sculpture je ne peux m'empêcher de songer au temps passé à sa réalisation. L'oeuvre est aussi la mise en mémoire d'une parcelle de la vie du sculpteur sur sa terre...

 

022 - Ile de PAQUES, RAPA NUI, MOAI, TANGATA MANU, Rano Raraku, Rano Kau, Anakena, Comète de Halley,  photos GeoMar déc.1986, Easter Island, CHILI.

  Nous étions un peu marqués par cette fin de séjour à l'île de Pâques et, maintenant, chronologiquement, tous ces commentaires sur le regard du kavakava commençaient à peser telle une subconsciente obsession : étions-nous touchés par le syndrome des associations : comète de Halley, accident de cheval, kavakava au regard hypnotisant ???

Allions-nous succomber à la superstition?...

 

  Un ami m'avait dit : "Ce tiki m'impressionne, il semble nous regarder avec insistance comme s'il nous reprochait quelque chose ! Je n'en voudrais pas chez moi ! tu devrais le virer ! " 

 

Kavakava assis, scuplture de l'île de Pâques 1986

 

  Comme toujours je m'employais à argumenter du fait que je considérais cette sculpture comme une œuvre d'art contemporaine inédite : l'artiste avait dérogé à la tradition en réalisant un kavakava assis. Sur le site de Rano Kau, parmi les modèles présentés, son regard d'obsidienne et d'os, avait déterminé mon choix.

 

   J'étais très satisfait de cette acquisition et n'avais aucune raison de m'en défaire : elle n'avait rien d'un fétiche vaudou ni de l'identité d'une relique profanée attachée à quelque tabou que ce fût ! Soyons réalistes ! nous étions aux temps modernes de la science et des nouvelles technologies. Cette sculpture venait d'être réalisée, en 1986, par un artiste pascuan, un sculpteur de grand talent, et j'y tenais !!!... A l'évidence, une œuvre d'art est faite pour que chacun puisse donner libre cours aux sensations délivrées par son imaginaire dans le contexte de son originalité. De là, en avoir peur au point de se sentir menacé relevait pour moi d'une fragilité d'esprit voire de restes de séquelles d'une éducation religieuse culpabilisatrice... 

    Ci-contre un Kavakava classique debout, copie de l'original par Jorge Etu Tuki que j'ai rapporté de l'île de Pâques en 2002... Cette sculpture représente l'ancêtre moribond et parfois son esprit ou celui du mal selon les dires recueillis lors de mon passage à l'île de Pâques en 2002.  Actuellement, je ne me porte pas si mal...;-) 

 

 Sculpture de Jorge Etu Tuki (Rapa Nui 2002)

 

  Janvier 1987 tirait à sa fin, tout comme ma convalescence. Le médecin m'autorisa à reprendre le boulot début février et nous reprîmes notre train train de vie sur cette belle et attachante île de Moorea.

 

 

  La vie avait repris son cours, travail et activités de loisirs : balades à vélo sorties en pirogue dans le lagon... Nous allions chez nos amis, nous les recevions à notre tour, c'étaient parfois des bringues tahitiennes qui marquaient ces bons week-end du temps présent, mars, avril... et déjà mai qui commençait à poindre...

 

 

   C'est une boutade lancée par Alain, navigateur et cavalier émérite de Saint Ségal qui m'a amené à réaliser ce petit reportage sur mon accident de cheval à l'île de Pâques. Durant une dizaine d'années j'avais pratiqué assez régulièrement la randonnée équestre. Par chance, je n'avais jamais chuté. 

  Alain me disait toujours : "Un bon cavalier doit avoir chuté au moins une fois sinon il ne le serait pas !..."   Voilà, c'est fait !...  je lui avais promis de raconter cet épisode un jour, je le fais 33 ans après... J'ai écourté la fin de mon récit car malgré moi je me suis laissé emporter par d'autres souvenirs plus intimes, dramatiques, que je préfère ne pas dévoiler afin de ne pas donner du grain à moudre aux adeptes du "jamais deux sans trois"...

   Le hasard des circonstances donne toujours des arguments aux superstitieux...

  Je ne suis pas superstitieux, j'écris cet article en ce mois de juillet 2020. J'ai un peu aperçu la comète Neowise et croisé maintes fois les regards de mes deux kavakava qui font parties des objets que je collectionne et qui me rappellent tous les bons moments passés ici et là au cours de mes voyages sous diverses latitudes et qui, fort heureusement, n'interviennent pas sur mon destin même si la vie est pleine d'imprévus...

 

 

            Salut à Tous !

           Georges  29/07/20

 

   A cette époque, l'île de Pâques, sous tutelle du Chili, n'échappait pas à la dictature de Pinochet... La demande préalable de visa était obligatoire pour acheter son billet d'avion aller-retour. Dès votre arrivée sur l'île il fallait remplir un "formulaire" et déclarer vos objets de valeur y compris les caméras et appareils photos dont les numéros et références étaient enregistrés pour être vérifiés à nouveau, au retour, avant de monter à bord de votre avion... ces contrôles "officiels" n'entachaient en rien la gentillesse et l'accueil chaleureux des Pascuans au quotidien.

 

022 - Ile de PAQUES, RAPA NUI, MOAI, TANGATA MANU, Rano Raraku, Rano Kau, Anakena, Comète de Halley,  photos GeoMar déc.1986, Easter Island, CHILI.

 

Photos diapos kodachrome

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Numérisées  en 2005

et numériques 2020 Samsung

 

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                                                                        Bonne visite !...

 

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             L'île de Pâques dans l'Océan Pacifique Sud  par  L :  27°  5' Sud  G : 109°  22' Ouest. Cliquer sur le lien ci-dessous pour modifier l'échelle et accéder aux vues par satellite de Google maps...Click on the link below to access Google maps...

 Géoposition île de Pâques Google 

       Les Rapa Nui, Pascuans, Marquisiens, Paumotu, Tahitiens, Maoris...

        Les Polynésiens aussi appelés Maori vivent sur une immense superficie insulaire de l'océan Pacifique (26 millions de km²). Ils sont, à l'origine, des marins téméraires d'il y a environ 1000 ans... avides de découvertes et d'expansion qui ont conquis des territoires délimités dans le Triangle polynésien mais qui en fait s'étend bien au delà de celui-ci vers les îles du nord-ouest du Pacifique. (Voir l'article d'Antoine Launey sur Tahiti -infos.com)

        Ci-dessous, les vidéos de Nella Bipat sont une richesse d'informations sur les îles d'Outre-mer et des savoirs associés. A la fin d'une séquence vous pouvez choisir un sujet en cliquant sur les flèches.

Connaissance des Outre-mer - C'est quoi le triangle polynésien ? L'océan Pacifique est le plus vaste de la planète et abrite notamment une zone aux origines et à l'histoire commune: Le triangle Polynésien. Les Explications avec Nella Bipat.

Ancient Easter Island: The Explorations Of Thor Heyerdahl see below...

Ancient Easter Island: The Explorations Of Thor Heyerdahl see below...

 

 

Le rite de l'Homme-oiseau.

(Tangata-manu)

ci-dessous

 

 

Les moais se déplaçaient-ils en marchant ?...

Hypothèse sur le déplacement des Moais...

Mythes et mystères de l'Île de Pâques | Nicolas Cauwe | TEDxToulouse

Nicolas Cauwe est archéologue et conservateur des collections de Préhistoire et d'Océanie aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles. Recherche et conclusions raisonnables sur le déplacement des moais depuis la carrière du Rano Raraku vers les piédestals (Ahu) des divers sites de l'île...

 

La suite :


Notre retour à Rapa nui  en 2001

Unique Moai assis sur ses talons déterré par Thor Heyerdahl en 1956 puis érigé sur place sur le site de Hotu iti. Voir ci-dessous...

Unique Moai assis sur ses talons déterré par Thor Heyerdahl en 1956 puis érigé sur place sur le site de Hotu iti. Voir ci-dessous...

Vidéo par M. Daude - île de Pâques - L'empreinte des Incas L'expédition dans l'océan Pacifique de l'Inca Tupac Yupanqui et de sa troupe d'élite serait à l'origine d'une grande partie de la culture énigmatique de l'île de Pâques.

 

 

L'île de Pâques, Rapa Nui.

 "Mon carnet de voyage"  par Marie-France

Lien ci-dessous.

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M
Bonjour<br /> Un super reportage sur l'île de Pâques. Rien à changé si ce n'est, quand même, les aménagements de certains quartiers d'Hanga Roa, comme le petit port de Hotu Matua et la place. <br /> Je reviendrai sur ces articles.<br /> Bonne journée.<br /> Marie-France
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